mardi 31 octobre 2017





Se tenir droit devant aucun regard constitue l'inutile nécessaire.
























dimanche 29 octobre 2017

haïkus du dimanche


je suis un poète
n'ayant pas publié
un poète inédit
     _____

il nous faut apprendre
à vivre selon le pouls
le rythme des arbres
     _____

pluie torrentielle?
les repères se perdent :
de minuscules tempêtes
     _____

ce qu'il y a
entre le ciel et la terre?
des rafales d'oublis
     _____

des morts heureuses ou
tragiques égrainent le sable
des heures et du vent
     _____

encens et parfums
nos charmes sorciers
un jour qui ne finit plus
     _____

lèvres mordillées
des gemmes brillent, nocturnes,
tues pas ses paupières
     _____

les lits grincent et jouissent
à l'unisson des ébats
des amants secrets
     _____

son visage comme
l'unique faisceau fatal
transgressant la nuit
     _____

son corps océan
frêle mais inépuisable
répare les brèches
     _____

Changes de Lana Del Rey
des larmes muettes
belles, un moment pur
     _____

et elle a laissé
des marques de vernis à ongles
sur le plancher
     _____

mon désir de tout dire
n'a d'égal furieux
que celui de tout vivre

































vendredi 27 octobre 2017




En attendant le calme, abolir le vertige et sauter, une bonne fois pour toutes. Il nous faut éprouver et sentir et connaître le néant de notre âme. On ne peut avoir peur que de ce que l'on ne connait pas.






















mercredi 25 octobre 2017






Mon âme est un orchestre secret; j'ignore quels instruments je pince et lesquels grincent à l'intérieur de moi. Je ne me connais que comme une symphonie.
                                                                                      ~ Fernando Pessoa






















mardi 24 octobre 2017











un ciel de soie rose lacéré
de soleil et d'orage
en alternance
les déclinaisons du feu
tes regards trainent partout
autour une odeur d'écorce
et d'asphalte mouillés

pulsant le silence
les échos des secrets que tes mains
ont déposés sur ma peau




























mercredi 18 octobre 2017







Créer, c'est vivre deux fois.

[...]


Travailler et créer "pour rien", sculpter dans l'argile, savoir que sa création n'a pas d'avenir, voir son oeuvre détruite en un jour en étant conscient que, profondément, cela n'a pas plus d'importance que de bâtir pour des siècles, c'est la sagesse difficile que la pensée absurde autorise. Mener de front ces deux taches, nier d'un côté et exalter de l'autre, c'est la voie qui s'ouvre au créateur absurde. Il doit donner au vide ses couleurs.

                                       ~ Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe




















lundi 16 octobre 2017










plus les jours passent plus
je n'ai rien à faire ici
et me referme
     _____

un cri sourd apporté
par l'écho, une porte
donnant sur le vide
     _____

une main imprévue
m'effleure, je suis rendu
à bout de masques
     _____

ciel ivre d'orage
un corps blessé de désir
le coeur bat, pesant
     _____

être un présent
que personne ne consomme
un éclair en avance
     _____

elle ouvre la voie
puis la referme, son ombre
s'éteint dans la brume
     _____

un effondrement
le miroir s'obscurcit
en strates de contraires











jeudi 12 octobre 2017

hasards objectifs



Petit atelier de création surréaliste fait en classe. Le principe est simple: la moitié des étudiants trouve une question, l'autre moitié trouve une réponse ; on mélange le tout puis on pige. Des fois ça donne n'importe quoi, mais c'est rare, j'en ai bisbaillé à peine une dizaine. Voici les perles que ça peut donner. Je ne change absolument rien (d'où les erreurs d'accord en début de phrase parfois) ni pronoms ni déterminants, je n'invente absolument rien non plus (d'où certaines répétitions et un petit manque d'originalité ici et là) et je les transcris dans l'ordre où je les ai pigés.

C'est quoi les jours qui passent? 
          C'est un courant d'air glacial.
C'est quoi la terre? 
          C'est la douceur d'une brise d'automne.
C'est quoi une rivière de larmes dans l'océan? 
          C'est la distance entre les étoiles.
C'est quoi la vie d'un amoureux fou?   
          C'est les murmures de ta belle-mère. (c'est hilarant ça)
C'est quoi la faim qui gruge dans le regard?
          C'est la voix de la raison.
C'est quoi le visage de l'amour?
          C'est le temps qui passe.
C'est quoi le souvenir?
          C'est une prison.
C'est quoi la peau?
          C'est le vent qui souffle sur les champs de blé.
C'est quoi la pensée?
          C'est le bonheur d'entendre ta voix.
C'est quoi le sang qui coule dans tes veines?
          C'est l'émerveillement.
C'est quoi la vie sans toi?
          C'est l'image qu'on retrouve dans les nuages.
C'est quoi la conscience?
          C'est inspirer du bonheur.
C'est quoi être vivant?
          C'est toute une aventure.
C'est quoi la vie?
          C'est le temps qui passe.
C'est quoi le sentiment amoureux?
          C'est ton regard plein de silence.
C'est quoi le savoir?
          C'est l'amour.
C'est quoi le bonheur?
          C'est un rideau qui flotte au vent.
C'est quoi la vie?
          C'est n'importe quoi.
C'est quoi ce beau sourire qui s'affiche sur ton visage?
          C'est l'écho de son coeur qui bat.
C'est quoi ce frisson que j'ai en te regardant?
          C'est ton regard sublime qui me traverse le corps.
C'est quoi le bonheur?
          C'est prendre son courage pour répondre à son désir.
C'est quoi la vie à tes côtés?
          C'est ton visage plein d'automne.
C'est quoi l'amour?
          C'est la chaleur de ton corps.
C'est quoi la beauté de la nuit?
          C'est la couleur rouge.
C'est quoi cette couleur provenant du ciel?
          C'est le sourire que tu as sur les lèvres.
C'est quoi cette émotion charitable qui émane de ton être?
          C'est la joie de pouvoir ressentir de nouveau.
C'est quoi la mort?
          C'est ça qui est ça.
C'est quoi un souvenir oublié?
          C'est ton souffle sur ma peau comme la brise du matin sur l'herbe.
C'est quoi la brise qui m'étouffe?
          C'est une amère jalousie pénétrant ton âme.
C'est quoi un baiser de ta part?
          C'est le brouillard qui tombe silencieux sur la mer.
C'est quoi la chaleur du vent?
          C'est l'espoir qui fait vivre.
C'est quoi l'homme?
          C'est l'odeur du matin.
C'est quoi une vague?
          C'est le temps perdu.
C'est quoi le vide?
          C'est un ciel étoilé qui se reflète dans tes yeux.
C'est quoi le rire d'un enfant?
          C'est ce champ de blé comme tes cheveux blonds.
C'est quoi cet éclat dans ton regard?
          C'est deux camions qui se rentrent dedans.
C'est quoi la peur?
          C'est la chaleur de ton amour.


Et un dernier que j'ajoute et qui n'est pas objectif pantoute :

C'est quoi la poésie?
          C'est ce qu'on attend pas, qui arrive de nulle part et qui se trouve n'importe où.















samedi 7 octobre 2017





Une langue lacée inconnue. Les lentes progressions de Godspeed you! Black emperor marquent le rythme de l'aube. Les trottoirs sont déserts. De l'asphalte vide. Sédiments de poussières des passants, des couches de pas invisibles. Belles âmes-en-peine au gré du vent. Le ciel aux cent tons du soleil qui se lève. Du rose au pourpre. Anthem for no state. Juste avant l'asphyxie, l'horizon est en feu. Les rues désertes comme des gouffres bleus prêts à encaisser les souvenirs à construire ; parades des petites routines, a great vain carnival!! L'écho de la ville endormie résonne. Tranquillement, les rues se rempliront pendant la journée d'encore plus de vide. Au bout de la rue, la montagne domine sous un sombreciel. Elle semble être dans un autre pays, toute recouverte d'ombre. Les arbres grondent, les rues nous avalent pour mieux nous recracher le soir. Nous aurons été un peu plus digérés. Jusqu'à l'effondrement, la disparition. Et le temps qui ne se lasse pas de nous tendre des miroirs changeants, comme si chaque pensée chaque visage chaque souvenirs étaient pluriels. Infinis. Un éternel maintenant à contrecoup des ailleurs inexistants. Les autres arrivent. Les fossiles s'amoncellent. Tous des borgnes maîtres d'aucun royaume sinon leur nombril. Échines courbées sur le sacro-saint-écran. L'on ne peut rien bâtir sur des colonnes molles. Atonie des corps pliés, comateuse volonté... Que des soupirs tus. Que des encens obscurs. Des doigts de fumée dansent. Effluves. Douceur et délicatesse du bruit chaorchestré. Qui du monde ou moi éprouve l'autre? Le derme effleuré, la peau comme écorce rouillée. Des veines tranchées. Dans les larmes de la lame, une lave pâle. 

Du rouge, presque transparent.