vendredi 30 juin 2017

Pub crawl commencé en Escalier. Ça gronde d'instruments, le plug and play est désaccordé et tant de clients rentrent. Un bus de touristes on dirait. Différentes langues se superposent en-dessous des cordes des guitare, basse et violons qui jouent pèle-mêlés. Cacophonie inoffensive. On veut une autre vibe, une autre ambiance ondée. En Cheval blanc ça se terminera non sans une parenthèse où commença réellement cette soirée. On est gris, état parfait de l'ivresse où toutes les particules dans l'air semblent définies, perceptibles et palpables. On philosophe, on poétise, convaincus que nous sommes les seuls à le faire dans ce pub où la vitaliénante s'arrête pour permettre à tous de vivre vraiment pour un instant déserté des maux. Octobre en juin dehors, un été irlandais écossais anglais peu importe, tout sauf montréalais c'est. Esthétique nordique ; un temps fait pour nous. "Y'annonce de la pluie pour les deux prochains jours." Parfait, ça fera plus de temps pour lire. - Amenez l'orage! Nous nous sommes unis dans des souvenirs à naître. Défaits puis refaits, reflets rouges comme coeurs battants. - Les doigts se font fourmis travaillantes sur le minuscule écran où l'on écrit ce que l'on ne doit pas oublier. Dehors, la nuit est bien tombée, tout ennoirée de pluie. Bitume immaculé. Ce mot de Joyce : Ce que nous sommes? Un peu de pluie. Bam! That's it! Quelle hénaurme vérité! Une fille au bar, souverainement seule, elle est en plein contrôle. Elle ressemble à une tragédienne emo. Elle défait le noeud de ses cheveux avec une nonchalance innée, un geste fait mille fois mais qui n'a rien perdu de sa poésie. Elle a une beauté mythologique, un autre siècle qui passe, un millénaire. J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans. Barnack Baudelaire que t'es grand! Tous ses gestes semblent parfaitement calculés et imposent la contemplation. Pas hypers mais ultrasensibles on est. Elle aura été seule même pas un quart d'heure, un téméraire aura eu l'audace de l'aborder, peut-être finiront-ils en chambre rouge eux aussi où elle assoira son parfum de pourpre sombre sur lui. Baisers lovés dans la profondeur inouïe de l'intimité. Mais pour nous ça se terminera bien enbièré en parc La Fontaine débordé de nuit. Aucun vent, personne sinon nous en ce lieu pourtant de jour si occupé. Je ferme les yeux pour voir et j'entends toujours son corps porté par le silence. C'était organique. Mais nos infinis personnels nous séparent désormais. Ensuite, la poésie devient plus paillarde. On multiplie traits, flèches et aphorismes. Il me reste seulement six semaines de vacances. On rit à s'en faire mal aux cuisses de taper dessus. Moment extra-ordinaire. La banalité du quotidien n'existe plus pour qui s'épiphanise un tant soit peu. La réelle liberté sera toujours dans l'inconnu. On a décidé de faire de nos vies des quêtes d'absolu parce que le langage des dieux est à notre portée.

1 commentaire:

  1. Dehors la pluie tombe lourdement. Courant d'air frais dans l'appartement. Nuages hors de ma tasse de café. Bonne à dire, la brosse d'hier... les souvenirs là, frais, intacts. Faire un avec le lieu, la vibe, les gens, l'instant. Cette sensation joyeuse et puissante de flottement, d'invulnérabilité... énergie au bout de laquelle nous sommes grandiosement allés, tel qu'il se doit.

    Un privilège!

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