vendredi 10 février 2017

"Vers la fin de janvier, nous entrons au milieu de l'hiver, c'est-à-dire dans le néant. Les habitants du désert et les marins en pleine mer doivent ressentir une impression analogue. Les repères fixent s'effacent ; toute proximité dans le temps comme dans l'espace devient abstraite ; seule survit l'évidence de la solitude."

- Carl Bergeron, Voir le monde avec un  chapeau

Je hais février. Mois du faîte polaire, il n'est fait que de faux-semblants. En février se dévoile toute l'hypocrisie du soleil ; il est présent dans le ciel, mais ses rayons sont de glace. Ma marche rapide n'y change pas grand-chose, les muscles de mes jambes sont assaillis par la morsure pénétrante du froid ; je ne sens pas mon sang circuler, sans défense contre l'engourdissement. Le vent ne sert qu'à nous faire pleurer des yeux, qu'à endolorir et émacier nos chairs exposées. C'est le visage qui en prend pour son rhume, inévitable lui aussi. Toutes les têtes des passants sont enfoncées dans leur cou et leurs épaules. Le froid fait ressortir notre inhérente irritabilité, tout le monde avance comme des machines alors que la succession des jours renvoie à l'aliénation ; que possède-t-on dans l'indifférence polaire de février? Rien. Que le vide glacial des rues désertées. Nous marchons main dans la main avec la solitude. Et cette année, février est d'autant plus violent, car j'y ai perdu l'octobre sombre et superbe de tes yeux.

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