mardi 29 novembre 2016

"Une chose, encore à présent, me paraît curieuse. Jamais auparavant je n'avais été poursuivi par des idées noires. Ma seule source d'intérêt, mon seul problème, c'était la Beauté. [...] Quand on concentre son esprit sur la Beauté, on est, sans s'en rendre compte, aux prises avec ce qu'il y a de plus noir au monde en fait d'idées noires. Je suppose que les hommes sont ainsi faits."

- Yukio Mishima, Le Pavillon d'Or

lundi 28 novembre 2016

Une nouvelle rue. Le vent dans les arbres remplacent le trafic que je me suis habitué à entendre lors des neuf dernières années. Les cartons empoussiérés jonchent le sol, je défais ce qui reste de ma vie. Je plane j'ai peur pieds et poings liés empêtré pris dans l'étreinte d'un spectre que je ne connais pas.  Beethoven meuble le silence parce qu'on revient toujours à lui. Ses immortels quatuors à corde. La musique prend la parole de la mélancolie pour un temps. Déjà des souvenirs de tes yeux d'ambre et de jade, petites éclipses éclatées qui m'ont rendu aveugle. Arborescence des failles de dessinant dans un jet de lumière. Ici c'est sombre, novembre agonise, les prochaines semaines annoncent des promesses mitigées. L'impression que les mots et les images simples ne suffisent plus. Les échos des brisent sur les récifs de l'entêtement. Les métaphores fixent le flou et chuchotent les murmures, les rumeurs de mes obsessions. Je ferme les yeux mais ne vois rien. J'ai le spleen infirme d'espoirs démembrés. Écoute attentive de la nuit qui tombe trop tôt. Le sang s'immobilise. Mémoire de ma tête lovée dans ta nuque. Le parfum que ta sueur distille. Fossé profond, mon corps prostré sur ton absence. 

J'entame la longue autopsie de ta disparition. 

jeudi 17 novembre 2016


suis pris entre chien et loup
écartelé par les juments de la nuit
sur le fil, entre les deux, le point
où ça se brise ou se répare

un spasme escalade en avalanche
ascendant les reliefs de mon dos
et dehors le vent exalte l'étrange
         en salves de concerts désaccordés

vendredi 11 novembre 2016


Cohen in ears and heart
Kerouac in eyes and soul
a small shadowfall of tears
          in between

jeudi 10 novembre 2016

105th chorus

Essence is like absence of reality,
Just like absence of non-reality
Is the same essence anyhow.

Essence is what sunlight is
At the same time that moonlight is, 
Both have light, both have shape,
Both have darkness, both are late:

Both are late because empty thereof,
Empty is light, empty is dark,
    what's difference between emptiness
    of brightness and dark?

What's the difference between absence
Of reality, joy, or meaning
In middle of bubble, as being same
As middle of man, non-bubble

Man is the same as man,
The same as no-man, the same
As Anyman, Everyman, Asiman,
           (asinine man)
Man is nowhere till he knows,

       The essence of emptiness
          is essence of gold.

- Jack Kerouac, Mexico City Blues

lundi 7 novembre 2016

esquisse

(écrire ce qui sort
sur ce que je voudrais qui rentre)

la futilité du puits de lumière
en pleine nuit
point de fuite vers nulle part
le ciel est trop pollué
pour voir les étoiles s'offrir
- atmosphère toxique
formol d'une mort lente
où je respire embaumé d'avance -

fracas de distorsions
on débranche et rebranche
les fils des heures discontinuées
glitchs assassins violentant l'ouïe
les basses grondent et se perdent
dans les murs qui tremblent
dans leurs fondations agglomérées

je regarde à nouveau
dans le puits de lumière inutile
le degré zéro des nuances
du ciel de la nuit tombée
tronquée par le teint du verre sale
usé des exhalaisons humaines
passées et présentes, moments tannés
les fossiles de nos paroles ne sont
que taches sur les murs indifférents
graffitis dans les toilettes décrépites des tristesses
et poussières sur les vitres insoupçonnées
de nos prisons de verre
des doigts gras sur les écrans éphémères
de nos projecteurs atrophiés

(voudrais être cet arbre seul
et reculé qu'on ne coupera pas
tout simplement
parce qu'on ne sait pas qu'il existe
parce qu'on ne le voit pas)

l'automne en mal de braises
n'offre que des cendres
une cape d'encre aux reflets
brun rouge jaune orange
- la superbe rouille des feuilles -
qui protège du vent
et des larmes qu'il enfante

cris du froid sur la matière exsangue
le crin du soir tourne à l'argent
des murs en papiers alu
nous renvoient nos vrais reflets
d'hommes déformés
finesse de l'acrylique
noir de messes lyriques
dans lesquelles se perdent
l'écho des regards furtifs, échangés
dans le tamis de la nuit
que filtrent les humeurs
le soir invite à boire
toutes les vielles lies accumulées

un profil en contrejour
perd ses détails et la
délicatesse des traits
découpe une lumière trop lourde
dessine une étrange harmonie
le long du fil qui vient de rompre