mardi 5 juillet 2016

Au soixantième kilomètre de vélo, les muscles sollicités de mes jambes m'empêchent de focuser. Pourtant ça se tiraille ferme dans ma tête multitâche. Énorme boucle le long du fleuve Saint-Laurent. Les piétons marchent sur la piste cyclable et je me retiens pour ne pas leur crier après. Je file à toute allure. Je ne sens pas le soleil mais demain mes bras seront brûlés. Pendant que je pédale comme un fou - un hamster dans sa roue -, je tente de faire le point sur l'horizon devant moi que je repousse à chaque coup de pédale. Mais la ligne que dissipe la chaleur est trouble. Et cette imprécision me nargue. (Qu'est-ce qui m'apporte satisfaction? En quoi suis-je insatisfait? Les vacances sont en train de devenir ce que je redoutais. Mon esprit est incapable de se reposer. J'ai lu 300 pages one shot dimanche pour terminer L'immortalité de Kundera ;  ça faisait trrrèès longtemps que ça m'était arrivé. Ce livre est de la bombe. À lire et relire. Autant les deux autres bouquins que j'ai lus de Kundera m'avaient laissé sur ma faim que celui-ci m'a hypnotisé. L'iimmortalité dans l'image de soi et non dans l'objet, il faut méditer sur ce sujet plus bouillant que jamais - je suis mûr pour un sonnet) Mes amis me manquent. Sachent-ils que je pense souvent à eux? Même en essayant d'éviter les inévitables essaims de bestioles en tout genre sur la piste cyclable faisant le tour de Verdun? Mais j'en n'ai avalé aucune. (Une phrase dans ma tête qui ne veut pas mourir : "Les ondées brûlantes déploient des pétales de chaleurs invisibles, lames d'éther qui pénètrent jusqu'en mon for impuissant ; détourner le regard et le corps est inutile dans la prison du vide aux barreaux forgés à même nos désirs insatisfaits." Encore une phrase qui persiste dans mes pattes de mouche d'encre agglutinée. Je fais du surplace dans mon exil) Trouver mes satisfactions. Dans toutes les actions que nous posons, dans tous les regards que nous lançons, dans les livres que nous lisons et l'alcool que nous buvons. Mais la solitude et l'ennui des nuages l'emportent parfois sur nos perceptions. Je ne vois qu'un voile dans la toile de fond bleue du ciel. Le ciel manque de turbulence, de fulgurance, de ces tempêtes que je cherche en vain, comme si j'étais incapable de me satisfaire de ce qui est. Ce texte n'aura pas de chute, comme les jours qui le nourrissent, prévisibles et manquant cruellement de mouvement. Prévisibles dans leurs crépuscules banals, dans leurs insupportables cris d'enfants de ruelle, dans la nonchalance feinte des passants - tout le monde semble si content de l'été, mais l'été est une enclume chauffée à blanc, et le soleil, son impitoyable marteau. Et ma tête qui reçoit péniblement tous ces coups.

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