jeudi 24 décembre 2015

courant de conscience

par journée de grands vents la seule chose pour y tenir tête la symphonie numéro 9 en ré mineur de Dvorak au parc Jarry ma blonde dort sur le divan je n'allais pas rester évaché sur mon divan par pareil temps je ne trouve pas les accents pour le r et le a je me souviens au archambault il y a de cela quelques années avez-vous un cd de dvorak ça se prononce dvorjak madame du moins comme on peut franciser un nom tchèque je ne dis pas pour vous reprendre par prétention mais je suis sûr qu'il aurait aimé que vous prononciez son nom correctement oui mais il est mort non madame il est éternel la symphonie du nouveau monde premier mouvement adagio ce sont les arbres les premiers qui entendent la même musique que moi immenses épinettes noires d'environ vingt-cinq mètres de haut on ne s'attarde pas suffisamment à l'âge des arbres on les tient pour acquis mais ils nous survivront en tout après les pluies intenses de la matinée le parterre est d'un vert impossible pour un 24 décembre il y a quelques personnes qui jouent au croquet pas au criquet au croquet comme dans le vieux dessin animé d'Alice au pays des merveilles quand la reine de coeur joue avec des flamands roses quel film impossible pourtant gravé dans mes souvenirs d'enfance on réécoute ça aujourd'hui et on se rend compte à quel point c'est psychédélique ils devaient être tous défoncés ça l'air plate le croquet en tout cas le vent se fait plus violent les feuilles mortes me fouettent le visage et les quenouilles sur le bord de l'étang résistent comme elles peuvent mais perdent quand même de leur parure ça me rentre en-dessous des lunettes j'en ai plein les yeux en tournant vers le nord-ouest le vent redouble d'intensité deuxième mouvement largo le plus lent j'écoute les trois premières minutes ça manque de fureur il devrait faire crépuscule calme ou aube légère pour que le mouvement prenne tout son sens je le saute sacrilège interrompre ces bois et ces cuivres contemplatifs mais ils sont assourdis par le vent qui siffle trop et mes écouteurs de merde ne cessent de glisser de mes oreilles note à moi-même ça suffit les écouteurs de merde je les ai sur les oreilles au moins deux heures par jour c'est le genre d'investissement qui en vaut la peine troisième mouvement scherzo molto vivace un des morceaux les plus grandioses du répertoire romantique parfait pour ce vent à gonfler les plus grandes voiles personne n'a de cerfs-volants quel magnifique mot ça m'étonne entre les parties plus douces on dirait presque des pastorales les acmés d'intensité furieuse quelles percussions je continue de marcher et je ne vois plus grand chose sinon plein de joggers et t-shirt et en shorts des joueurs de soccer beaucoup de marcheurs que des passants flous qui disparaissent rapidement je ne vois plus rien mes lunettes sont sales j'ai le soleil dans la face et mes yeux laissent la place à mes oreilles ce mouvement a inspiré une des scènes de combats les plus épiques au cinéma à savoir Obi-Wan Kenobi et Qui-Gon Jinn contre Darth Maul dans la menace fantôme ok le film était vraiment poche mais le combat final reste très fort ce n'est pas la veille de Noël aujourd'hui c'est impossible on commence notre périple de deux milles kilomètres ce soir elles sont belles les vacances elles sont relaxantes c'est effrayant les vacances quatrième mouvement allegro con fuoco une des plus belles ouvertures de l'histoire de la musique qui n'annonce rien de moins que la découverte qui change le monde qui change le nouveau monde l'épique dans toute sa dimension mythologique ç'en devient presque une valse quand les cordes dansent avec les cuivres sur un menuet symphonique pour ensuite laisser toute la place au déploiement de la force de Dvorak fuck les petits accents je n'ai pas le temps ce mouvement inspira lui aussi une scène pas piquée des proses dans le retour du roi the beacons are lite Gondor calls for aid et Viggo Mortensen qui cours en Aragorn il a porté un t-shirt du canadiens de montréal pendant tout le tournage du film en-dessous de son costume il disait qu'il se sentait plus fort avec je trouve cette anecdote complètement marrante à cinq minutes cinquante-deux secondes tous les brasiers s'enflamment entre montagnes et montagnes plus éloignées les unes que les autres non je ne dois pas penser aux montagnes encore moins à des montagnes de neige les transitions de ce mouvement sont sublimes et dire que Dvorak s'est inspiré de danses amérindiennes j'avoue que ce bout là m'échappe un an de composition pour quarante-cinq minutes d'exécution faut le faire la lumière s'estompe rapidement on peut littéralement voir le jour tombé dans les percussions et les échanges de cordes les arbres dansent encore mais rien de la nature des gens qui passent ou des mots qui me restent et ceux qui m'échappent n'arrivent à reproduire l'impact de cette musique sur les tambours de mes tympans vers le seuil de mon être et de son accord harmonieux avec ce jour impossible finale dramatique à souhait révélations oniriques horizons dignes des plus grands océans des plus grandes chaines de montagnes des coeurs les plus humains. 

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