lundi 7 septembre 2015

inachèvement

La mort de l'autre en l'âme, je suis retourné voir les miens. Je n'ai pas été capable de terminer le poème que j'avais commencé la gorge nouée d'amertume et de tristesse pour mes amis. Poignées de mains moites, accolades collantes de sueur, de cette sueur de fardeau tragique que seul le poids de la mort amène. Visages gris asséchés, où il ne reste que les sel des larmes. Toutes ces couleurs sombres dans la chaleur de l'après-midi. Nous sommes les nuages voisins des orages. La mort noire buvant le soleil. Dans la cathédrale, le rituel m'a donné la nausée, toute cette ridicule célébration de dieu dans la mort de l'homme. Mes regards tournés vers mes frères m'ont imposé le respect. Ont suivi à tout cela les moments entre nous uniquement. "Vous en virerez une criss en mémoire de moi." Embrassades échangées dans les effluves, nos gosiers assoiffés de l'alcool maître, tous veulent oublier donc se rappellent les vieux souvenirs dont certains datent de trente ans déjà. La pureté de l'amitié. Le Saguenay et le fjord nous avalant dans la nuit, dans l'ombre dessinée des montagnes, l'ivresse montait en nous et relâchait nos misères. On a presque tout dit ce qui se pouvait dire. Et ce poème qui ne veut pas se finir :

et tandis que les masques meurent
au bout de cordes dépoussiérées
au bout des solitudes muettes
j'avalerais ma tête pour qu'elle cesse de tonner
taire dans mon crâne le bruit des scorpions
leur nid de queues assassines
tordues       liées
mon être envahi de tempêtes
sur la grève ensevelie
violentée d'asphyxie de noyades
les fureurs lentes annoncent
l'effondrement
j'ai le cri sourd d'une gorge ensablée

j'espère un hiver précoce
- moins de malheurs arrivent en hiver,
les hommes cessent de se prendre pour le soleil -

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