lundi 23 mars 2015

Richard III

C'est l'histoire d'un homme qui va tout faire pour prendre le pouvoir d'un pays, rien d'autre ne le motive que le pouvoir. Jamais il ne mentionne qu'est-ce qu'il entend faire de ce pouvoir et pourquoi il le désire tant, mais rien ne peut l'arrêter. Et pour obtenir ledit pouvoir - la couronne d'Angleterre -, il va tuer tous ceux qui pourraient lui barrer la route. Tout au long de sa quête, ses proches - amis ou ennemis - vont l'aider, tantôt consciemment, tantôt malgré eux, et personne ne va s'opposer concrètement un tant soit peu pour l'empêcher d'arriver à ses fins. Ses plus farouches opposants vont attendre qu'il usurpe le trône avant d'agir, laissant les morts s'amonceler dans leur inaction, comme s'ils voulaient s'assurer qu'un crime contre la patrie soit commis avant qu'il ne soit puni. C'est dans une hécatombe qui rivalise avec Hamlet que se termine Richard III, que je viens de terminer à l'instant, ayant joué le jeu en lisant à voix haute et forte les actes IV et V au complet, véritables moments d'anthologie. C'est l'une des pièces les plus fascinantes de Shakespeare que j'ai pu lire. La passivité des personnages qui entourent Richard est troublante. Ils savent tous que c'est un tyran sanguinaire et personne ne s'oppose directement à lui. Il m'est difficile de ne pas entendre l'écho troublant de cette pièce dans notre époque où les tyrans - s'ils n'ont pas soif de sang, ils ont soif de pouvoir - pavent eux-mêmes la route de leur procession vers de nouveaux trônes en déposant leurs briques sur des corps sociaux étouffés. La voix de ceux qui protestent est enterrée par l'indifférence, le cynisme et le mutisme assourdissant des autres, qui reconnaissent l'opportunisme malsain et écrasant des gouvernements, mais qui ne font rien, absolument rien, ABSOLUMENT RIEN, pour les en empêcher. Nous avons les dirigeants que nous méritons parce que nous ne retenons rien de l'histoire, ou de la fiction.

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