mardi 24 février 2015

Un homme est attablé, un café noir fumant devant lui. Il verse un peu de lait lentement et fixe la spirale qui se crée. Les secondes passent puis il regarde le vide d'un oeil éveillé. Il n'y a pas dans son regard l'égarement propre à ceux scrutant dans le présent les contours flous du passé, ni rien qui suppose un hélas nostalgique. Il regarde toujours et observe ses réflexions. À la commissure de ses yeux, de petites larmes de glace sèchent et disparaissent. Ses mains creuses tiennent la petite tasse de café et s'y réchauffent pendant qu'il transpire encore la brume glacée du matin. Sa barbe hirsute est encore gelée, sa tuque croche laissent paraître les rides qui lui lacèrent le visage, l'âge trace les traits de sa peau ; il se lèche les lèvres aux trois secondes, tic anodin d'une nervosité bien ancrée depuis longtemps. Il ne parle ni ne regarde personne autour, sort un petit calepin et y inscrit quelque chose. Les minutes passent et il continue d'errer de son calepin à l'espace. Il déchire la feuille sur laquelle il écrit, la plie en huit et la met en dessous de la patte de la table qui tremble. Il se lève et s'en va. Personne ne me porte attention, je me lève, prends le papier et le lis. 

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