lundi 9 février 2015

automatisme

Ça faisait longtemps que je n'avais pas mis ma tête sur le billot du papier où la plume est la hache, imaginant les coups tombés sur mon trop plein d'idées, tranchant tout, les blessures, les images multipliées par le prisme de l'insomnie. Déjà après une seule phrase je prends trop mon temps. Première image soudaine en tête : Jack Kerouac martelant sur sa machine à écrire, dans une épileptique frénésie créatrice, les mégots de cigarettes s'entassant à profusion dans ses poumons, heures et jours enfumés, le goulot jamais loin, débordant distillat de phrases, confusion des souvenirs à immortaliser sur le papier - faut pas perdre le passé -, le baume alcooleux des solitudes. Ginsberg pas loin lui disant d'écrire encore plus sans jamais s'arrêter ; la poésie à porter d'atteinte, l'écriture placé au-dessus de tout, beaucoup de vie à l'état pur. Dans son incongruité, son chaos, son feu d'artifices incontrôlable. L'écrivain comme spectateur ébahi devant les possibles. Je dois arrêter pour l'instant, car un ami m'attend à l'autre bout du quartier. Pour le rejoindre j'irai marcher dans le froid jusqu'à ne plus sentir mes os. Le paralysé avancera dans la nuit froide et rêvera au sommeil qui le fuit, étranger. 

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