mercredi 13 août 2014

"Sûrement, tu as dû beaucoup penser à nous, à ce que nous avions bâti ensemble, à la façon dont nous en avons avec tant d'insouciance détruit la structure et la beauté, mais pourtant nous n'avons pas pu détruire le souvenir de cette beauté. Voici ce qui m'a hanté jour et nuit. De toutes parts je nous vois sourire cent fois en cent lieux. Je sors dans la rue, et tu y es. Je me faufile dans le lit la nuit, et tu m'attends. Qu'y a-t-il dans la vie à part l'être qu'on adore et la vie qu'on peut construire avec lui? Pour la première fois je comprends le sens du suicide... Dieu, que le monde est vide et ne rime à rien! Des jours tissés de ternes et médiocres instants se succèdent l'un l'autre suivis de nuits blanches hantées dans une routine amère : le soleil brille sans éclat, la lune se lève sans clarté. Mon coeur a le goût de cendres, et ma gorge se serre lasse de pleurer. Qu'est-ce qu'une âme perdue? C'en est une qui s'est écartée de son vrai chemin et tâtonne dans l'obscurité des routes du souvenir."
- Malcolm Lowry, Au-dessous du volcan

2 commentaires:

  1. Comme tu dis magnifiquement le désespoir, Malcolm...

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  2. Tiré du dernier chapitre du roman, qui est l'un des plus puissants que j'ai jamais lus.

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