mardi 19 août 2014

extrait

Il lâcha le livre et se sentit affreusement seul. Au lieu de créer un monde de possibles, c'est plutôt un précipice que le livre creusât autour de lui, un précipice impossible. Toutes ses volontés et ses ambitions se confrontèrent à l'abysse insondable se dressant devant lui. Il ne savait plus quoi faire. Il restait là impassible ne sentant plus aucune chaleur, sinon un vent qui transportait une profonde désolation et un puissant sentiment d'isolement. Lui qui voyait pourtant en les livres les issues par lesquelles il pouvait espérer vivre et rêver, il voyait dans ce livre-là, acculé au mur, le reflet de sa propre insignifiance et sa probante incapacité. Tout autour de lui se dévoilait un énorme ventre  sombre l'avalant ; ses défenses et ses armes ne lui étaient d'aucuns secours contre la peur de l'échec qui naissait, après une longue gestation tantôt consciente tantôt inconsciente, en lui. Il n'entrevoyait plus de réalisations et de concrétisations. Toutes ses pensées se fixaient puis s'effritaient sur les parois où avaient arrêté de grimper en chemin, même pas à mi-chemin de l'ascension, toutes les vertus qu'il s'était inventé.

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