mercredi 16 avril 2014

Essai

Le cycle des saisons continue et les symboles se disloquent. Avec le printemps arrivent de toiles stérile sur lesquelles l'esprit et les passions engourdies par le froid insistant réapparaissent dans une nouvelle lumière pour dessiner de nouveaux motifs. Les bourgeons emprisonnent les odeurs gelées et attendent de s'ouvrir. Le vent frappe d'une lame glaciale mais nos manteaux noirs boivent le soleil, invincibles. Pourtant les ambiguïtés restent et il me tarde de saisir l'évocation inspiratrice qui peut amener l'épiphanie. Les subtilités m'échappent, je ne fais plus de choix, pris entre l'image et l'être je cherche encore mon véritable désir.

mardi 15 avril 2014

Les amas du jour

Dans les heures nébuleuses
Et l'éperdition haletante aux rythmes
des promenades sans destinations
des promenades sans distinctions
J'oublie mes souvenirs

L'impossibilité de fixer les traits
De définir les formes
Je ne vois rien
Ni les modèles épuisés d'alentours
Ni les promesses d'espoirs puissants

D'aléas en errances
L'horizon repousse le point de fuite
Sous les pulsations battantes d'un formidable coeur

Dans l'étale sans issues
Au-delà des regards striées de parures
Mes yeux recherchent le verbe-chair
La symbiose des sens
Où l'impossible désespère

La courbe intacte attend que tu viennes la rompre
Que tu viennes plier l'âme du jour
Sous le poids de ton absence

Le théorème que tu déploie
Force l'étude des beautés irrévélées
Et des esprits qui n'attendent que toi

dimanche 6 avril 2014

"Chaque fois que j'ai lu Shakespeare, il m'a semblé que je déchiquetais la cervelle d'un jaguar."
- Lautréamont

Macbeth

Éteins-toi, éteins-toi courte flamme,
La vie n'est qu'une ombre en marche, un pauvre acteur, 
Qui se pavane et se démène son heure durant sur la scène,
Et puis qu'on n'entend plus. C'est un récit 
Conté par un idiot, plein de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien.

Out, out brief candle,
Life's but a walking shadow, a poor player,
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing.

Macbeth (V, V)

Devant le corps de sa femme terrassée par l'ambition, le meurtre, la culpabilité et la folie, alors qu'il a éliminé en véritable tyran innocents, amis et ennemis, Macbeth prononce, dans ses derniers retranchements, attendant une armée en marche contre lui et sachant que sa mort approche, cette perle qui a été récupérée et galvaudée à profusion, si bien que sa force s'en retrouve presque amoindrie. Je crois qu'à travers son désespoir, malgré la gravité du propos, rarement les spasmes de vivre n'ont été si bien distillés : si d'un côté cela rend compte de la possible sinon probable insignifiance de l'existence humaine et que d'un autre cela affirme également à quel point la vie se résume en une série de balbutiements qui forge le destin ; à l'opposé, je trouve que cette phrase transcende une sorte d'humanisme et d'espoir diffus qui en même temps peuvent fouetter l'homme à nourrir le brasier de sa vie pour justement en faire quelque chose de signifiant et lui permettre de trouver dans l'acceptation des forces plus grandes que soi - j'entends là les forces métaphysiques - une scène où construire, avec ses passions, de réelles raisons de vivre. Ce qu'il faut, c'est que tout ce bruit et cette fureur, même s'ils ne signifient rien pour ceux - les autres - qui les entendent, soient intelligibles pour soi.