jeudi 29 décembre 2011

Description épique (or depiction)

   "Le personnage assis sur un énorme bloc au pied de la tour ronde était un héros aux larges épaules, à la vaste poitrine, aux membres robustes, aux yeux francs, aux cheveux roux, aux abondantes taches de son, à la barbe touffue, à la bouche énorme, au large nez, à la longue tête, à la voix profonde, aux genoux nus, à la poigne d'acier, aux jambes poilus, à la face colorée, aux bras musclés.  D'une épaule à l'autre il mesurait plusieurs aunes et ses genoux pareils à des montagnes rocheuses se couvraient ainsi que toutes les parties visibles de son corps d'une dense végétation de poils piquants et fauves semblables en leur couleur et raideur aux ajoncs de montagne (Ulex Europeus).  Les narines énormes projetaient  des dards de la même coloration fauve et leur capacité était telle que dans leurs ténébreuses cavernes l'alouette agreste eût aisément logé son nid.  Les yeux dans lesquels une larme et un sourire se disputaient sans cesse la victoire avaient la dimension d'un chou-fleur de bonne taille.  Un jet puissant de chaude vapeur sortait à intervalles réguliers du gouffre de sa bouche tandis que sur un rythme retentissant le martèlement vigoureux de son formidable coeur grondait comme un tonnerre sous les coups duquel le sol, le sommet de la tour altière et les parois plus altière encore de la caverne s'ébranlaient et vibraient."

James Joyce
   
...et ce n'est que le début...

samedi 24 décembre 2011

Échos

Les échos où se mirent
Des espoirs latents
Tintamarrent à ma tempe
Attentive de toi
De ton passage
De ton pas résonnant
Sous les reflets où se mirent
Où se mirent
Des astres ardents

lundi 19 décembre 2011

Automatisme

Pénombre phagocyte de la chambre
Luis lumière à la lampe
Profondeur proximale
Ténèbres de l'attente

jeudi 15 décembre 2011

Clochers

Les clochers vides où gueulent les vents en mal de mers.  Ville-île.  Immense de bitume dans un océan blond et vert.  Il faut chercher le feuillage bruissant.  Les passants, les voitures, les marchés.  Parfums perdus du pain frais, de la robe allant fuyante dans l'inodolore effluve des rues.  Voitures filant allure, passants trottant vite : "il faut gagner du temps!  Arriver à l'heure!"  Fourmillions d'habitants.  Pressés.  Les uns contresur les autres.  Au ras de l'herbe absente.  
Et en haut, les mille clochers déserts, orchestres tubulaires grondant les heures, dénués de tout, sinon de vent.

Temps des jours

Ombre d'airain
Bronze ambrée
Or rose du crépuscule

Vient la nuit
Particules d'obscurité
Étoiles atomes

En attendant l'aurore
Irisée

Le cataracte du nyctalope (ou clin d'oeil ta lexploréen)

Daradembêche aujourd'hui ma mie. Ta fleurie m'oculuralise d'un coutelame en l'oeil jusqu'à ce que ma m'as-tu-vue, glaucome sous le dôme de l'arcade, me sourcille de larmes salées. Mallarmérite dans ma cage au roeur estocadé, l'âme au corps rouillé, au fil ferraillé, m'exglobule ma vue lactée et l'iris s'étiole en une glubavante d'ocreuse pouasse. Pouasse depeine tropleine. Catacautérise mon globe d'or désolérobé. Ma belle inconne, inconnue, avec tes flammes taforge tonenfer brûlant, thorax aux orbes fières, cautérise mon âme, mon regard blessé de t'avoir observée.  Nymphe niapode strangularise mes yeux aveugleuches ô globe.  M'en va pleurer toute leau que tu m'as bue.

(au gros veau ventru et au tisseur de vent)

Temps des jours

Tombe
blanche ou grise
au ralenti
suspend le temps
soulève
le froid transi
prismes et flocons
perles
frimarrosée
gouttes de pluie

Qui suis-je?

Je suis perdu.  Mais je ne me cherche pas.  Je cherche.  Je cherche l'or du temps perdu dans les gravats des mots.  Ceux qui existent et ceux qui n'existent pas.